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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

dans tous les arrangements à prendre en cette affaire. Je ne puis permettre qu’on abuse de la générosité et de l’inexpérience de M. Lenoble. Mon intérêt personnel est d’une importance secondaire. Que j’espère tirer un profit de la découverte extraordinaire faite par moi et par moi seul, sans nulle assistance, je n’essaierai pas de le nier. Mais je ne veux pas bénéficier aux dépens d’un trop généreux ami.

— Et quelle récompense dois-je attendre de mon travail, d’un travail pénible et qui a grevé ma caisse ? demanda le petit Français d’un ton aigre et soupçonneux. Vous ne vous imaginez pas que j’ai fait tout cela pour mon amusement ? Courir les rues par-ci, par-là, à la recherche d’un acte de mariage ou d’un certificat de baptême, croyez-vous que cela soit bien agréable, monsieur le capitaine ? Non, j’entends être payé de mon labeur. Je dois avoir ma part de l’héritage que j’ai aidé à conquérir.

— La conquête n’est pas encore faite. Nous parlerons de la récompense en son temps.

— Nous en parlerons à l’instant même, sur-le-champ. Il faut que je sache ce que je suis dans cette affaire. Je ne veux ni mystifications, ni fraudes, ni tromperies…

— Monsieur Fleurus ! s’écria le capitaine, la main étendue vers le cordon de la sonnette.

— Vous voudriez sonner… me faire chasser ! Oh ! mais non ; vous n’avez pas encore intérêt à me chasser. J’ai encore des actes de baptême et de décès à trouver… Allons, parlons de notre affaire comme de bons amis. »

Ces paroles conciliantes marquèrent la victoire complète du capitaine : Fleurus consentit à accepter le remboursement de ses avances et trois pour cent sur le produit total de l’héritage. Il fut, de plus, convenu que