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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

à la fleur de l’âge par une fièvre, n’est pas une faiblesse dont Charlotte ait pu hériter.

— Grand Dieu ! s’écria Georgy prise d’une soudaine terreur. Vous ne voulez pas donner à entendre que ma Charlotte va mourir, n’est-ce pas ? »

Chez Mme Sheldon de la rebelle incrédulité à l’exagération de l’alarme, il n’y avait qu’un pas, et Diana éprouva autant de difficulté à calmer ses frayeurs qu’elle en avait eu à la faire sortir de son apathie.

« Un changement d’air, oui, certainement… Charlotte doit changer d’air à l’instant même… Qu’on aille immédiatement chercher une voiture pour nous conduire au chemin de fer. Un changement d’air, mais comme de raison… à Newhall, à Nice, à l’île de Wight, à Malte… »

Mme Sheldon avait entendu dire qu’il y avait des gens qui allaient à Malte.

Où iraient-elles ? Que Diana décide, qu’elle envoie chercher une voiture, et qu’elle prépare un sac de voyage sans un instant de retard, le reste des bagages viendrait après. Qu’importait la question des bagages quand il s’agissait de la vie de Charlotte ?

En ce moment un flot de larmes vint heureusement soulager la pauvre Mme Sheldon, et la saine raison de Diana lui vint en aide.

« Ma chère madame Sheldon, dit-elle avec un air fait pour tranquilliser la pauvre femme, d’abord et avant tout, il faut s’abstenir de toute apparence d’alarmes ; la maladie de Charlotte n’est peut-être, après tout, qu’une question de nerfs, et il n’y a pas de cause immédiate de crainte. »

Mme Sheldon se calma et promit de prendre tranquillement les choses. Elle s’engagea à arranger le départ