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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

de Charlotte pour Newhall, avec M. Sheldon, dans la soirée.

« Comme de raison, vous le savez, ma chère, j’aime à le consulter en toutes choses, dit-elle. C’est un devoir dont toute femme doit s’acquitter envers son mari, un devoir sur lequel je ne saurais trop insister en parlant à une jeune femme qui est comme vous à la veille de se marier. Mais dans ce cas présent, c’est une pure affaire de forme. M. Sheldon n’a jamais mis obstacle à ce que Charlotte allât à Newhall, et il n’est pas probable qu’il s’y oppose aujourd’hui. »

L’événement prouva que Mme Sheldon se trompait sur ce point.

Georgy proposa le soir même la visite à Newhall, pendant que les deux jeunes filles faisaient une promenade dans le jardin, et Sheldon rejeta la proposition de la manière la plus décidée.

« Si elle a besoin de changer d’air, et le docteur Doddleson ne conseille rien de semblable, Newhall n’est pas le lieu qui lui convient.

— Pourquoi, cher ?

— C’est un pays trop froid ; exposition du nord, pas d’abri ; trois cents pieds au-dessus de la cathédrale d’York.

— Mais la tante Dorothée est une si bonne et si affectueuse créature, elle se fera un plaisir de bien soigner Charlotte.

— Oui, répondit Sheldon avec un rire ironique, et de la droguer. Je sais ce que c’est que vos bonnes et affectueuses créatures quand elles ont une occasion d’administrer leur médication à quelque malheureuse victime. Si Charlotte va à Newhall, Mme Mercer l’empoi… la rendra plus malade qu’elle n’est avec ses