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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

remèdes de bonnes femmes. D’ailleurs, comme je l’ai déjà dit, le pays est trop froid. C’est un argument décisif, je suppose. »

Il dit cela avec quelque impatience dans son ton et dans ses manières. Il y avait quelque chose de hagard dans son visage, quelque chose de brusque et d’inquiet dans ses manières, disposition qui se manifestait ce soir-là, mais qui se faisait remarquer chez lui depuis quelque temps.

Georgy n’était pas assez perspicace pour s’en apercevoir ; mais Diana l’avait observé, et elle attribuait le changement dans les manières du spéculateur à deux causes d’anxiété.

« Il a des inquiétudes d’affaires, s’était-elle dit, et il est inquiet de la santé de Charlotte. Ses lèvres qui s’agitent pour marmotter les calculs auxquels il se livre quand il est assis devant le feu m’ont révélé sa première cause d’anxiété, et ses yeux qui se dirigent furtivement sur le visage de sa belle-fille, et cela fréquemment, m’ont fait connaître la seconde.

Cette inquiétude que trahissaient ses regards furtifs, accroissaient les craintes de Diana.

Cet homme qui avait un certain fonds de connaissances médicales devait sans doute lire les diagnostics de cette étrange maladie qui n’avait pas encore de nom.

Diana suivait à la dérobée les regards furtifs qui l’avertissaient d’un danger.

« Si Charlotte a besoin de changer d’air, qu’elle aille à Hastings, c’est l’endroit qui convient à un malade, dit-il, j’ai moi-même besoin de repos, et il y a une telle stagnation dans les affaires de la Cité, que je puis facilement me donner un congé. Nous irons à Hastings ou