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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

L’alarme, une fois éveillée chez Mme Sheldon, ne pouvait plus se calmer.

Pour le cœur de Valentin, c’était une douleur vive, un sombre et lourd souci que rien n’avait pu alléger depuis le moment où il avait pu remarquer le changement qui s’était opéré sur le cher visage de sa bien-aimée.

Il y avait une autre personne, habitant la villa de Bayswater qui, à cette époque, observait Charlotte, avec un souci aussi constant que son beau-père, sa mère, son amie intime, et son fiancé.

Cette personne était Nancy. Nancy était venue à la villa préparée à trouver dans Mlle Halliday une jeune personne frivole et contente d’elle-même, entre laquelle et une vieille femme comme elle, accablée par l’adversité, il ne pouvait exister aucune sympathie. Elle s’était attendue à être traitée avec dédain ou tout au plus avec indifférence par l’heureuse jeune fille dont Sheldon lui avait parlé comme d’une bonne fille, sorte de recommandation vague qui, pour l’esprit de Mme Woolper, promettait fort peu.

Autant que Sheldon avait voulu exprimer ses intentions à l’égard de Charlotte, il les avait fait connaître à Nancy.

Ce qu’il aurait voulu dire, c’était : surveillez ma belle-fille et tenez-moi au courant de ses moindres démarches.

Mais il n’avait pas osé parler aussi clairement ; il s’était contenté d’insinuer que la fille de Halliday était frivole et inconséquente et qu’il n’y avait pas à se fier à son amoureux, et il avait réussi à mettre ainsi Mme Woolper sur le qui-vive.

« M. Philippe craint que la jeune fille n’épouse en