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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

— Voulez-vous me permettre de l’appeler ici par le télégraphe, cette après-midi, immédiatement ?

— Vous ne pouvez envoyer un télégramme de ce village.

— Non, mais de Saint-Léonard cela est possible. Pensez-vous qu’une promenade de quatre ou cinq milles puisse m’effrayer ?

— Mais pourquoi faite venir le docteur Doddleson ? Le traitement qu’il a prescrit est celui que nous suivons à la lettre. Le faire venir ici serait une pure folie. La maladie de notre pauvre Charlotte est fort loin de présenter des symptômes alarmants.

— Vous ne pouvez voir le changement opéré en elle, comme je le vois, s’écria Valentin douloureusement. Par pitié, monsieur Sheldon, laissez-moi, en cela, agir à ma guise. Je ne puis rester là à voir ma bien-aimée dépérir, sans rien faire pour la sauver. Laissez-moi appeler cet homme, laissez-moi le voir moi-même et entendre ce qu’il dit. Vous ne pouvez avoir d’objection à faire contre sa venue, puisque c’est celui que vous avez choisi vous-même pour donner ses soins à Charlotte. Ce n’est qu’une question de dépense, laissez-moi en faire mon affaire personnelle.

— Je puis subvenir aux dépenses du traitement médical de ma belle-fille, sans avoir recours à votre bourse, monsieur Haukehurst, dit le spéculateur offensé dans son orgueil. Il y a un élément dans cette affaire que vous semblez ignorer.

— Quel est-il ?

— C’est l’alarme que l’arrivée d’un médecin venant de Londres doit causer à la malade.

— Il n’est pas à craindre que cela lui cause une alarme. On lui dira que le docteur Doddleson est venu