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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

dans le pays pour y prendre le repos du dimanche. La visite semblera faite en passant. C’est une chose qu’il sera très-facile d’arranger avec le docteur avant qu’il ne voie la malade.

— Comme il vous plaira, monsieur Haukehurst, répondit le spéculateur froidement. Je regarde cette visite comme n’étant en aucune façon nécessaire. Mais si la venue du docteur Doddleson peut vous donner une satisfaction, qu’il vienne. La dépense occasionnée par son déplacement n’est pas une considération pour moi. Ma position vis-à-vis de la fille de ma femme fait peser sur moi une grande responsabilité ; et je suis prêt à m’acquitter de tous les devoirs que cette position m’impose.

— Vous êtes bien bon, votre conduite à l’égard de charlotte et de moi est au-dessus de tous les éloges. Il est tout à fait possible que mes inquiétudes soient exagérées, mais j’ai vu une expression sur ce cher visage… Non, je ne puis oublier cette expression, elle a glacé mon cœur de terreur. Je vais me rendre à l’instant à Saint-Léonard. Je dirai à Charlotte que je suis obligé d’envoyer un télégramme à mon imprimeur au sujet de ma copie. Vous ne vous opposez pas à cet innocent mensonge ?…

— Nullement. L’essentiel, c’est que Charlotte ne soit pas alarmée. Vous feriez mieux de rester à dîner, vous aurez le temps d’envoyer votre télégramme après le dîner.

— Non, répondit Valentin, je ne veux pas courir ce risque… je ne pourrais ni manger, ni boire, tant que je n’aurai rien fait pour diminuer mon anxiété. »

Il revint dans la pièce où Charlotte était assise devant la fenêtre ouverte, d’où lui venait le murmure des va-