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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

gues, le bourdonnement des abeilles, les chants des oiseaux, toutes les voix qui forment le chœur harmonieux qui s’élève de la nature heureuse.

« Oh ! mon Dieu, voudriez-vous l’enlever d’un monde si beau, se dit-il, et changer, pour moi, toutes ces splendeurs en ténèbres et en désolation ? »

Son âme se révoltait contre l’idée de la mort.

Pour la sauver, pour l’arracher des mains de la mort, il était prêt à tout promettre, à tout faire.

« Tous mes jours, je les consacrerai à ton service, si tu me la conserves, dit-il à Dieu du fond de son cœur. Si tu ne l’épargnes pas, je suis un infidèle, un païen, le plus vil et le plus audacieux des pécheurs. Mieux vaut servir Satan qu’un Dieu qui pourrait m’infliger une pareille affliction. »

Valentin raconta son histoire sur l’imprimeur et sa copie pour le Cheapside, au sujet de laquelle il y avait une absurde erreur qu’il ne pouvait réparer qu’à l’aide d’un télégramme.

L’invention n’était pas bien habile, mais Charlotte ne s’aperçut pas de ce qu’il y avait de vague dans cette histoire, elle ne pensa qu’à une chose, c’est que Valentin allait être obligé de la quitter pendant quelques heures.

« La soirée me paraîtra bien longue sans vous, dit-elle, et ce qu’il y a de plus triste dans ma maladie, c’est que le temps me paraît bien long et bien fatigant. Diana est la meilleure et la plus tendre des amies. Elle fait tout pour m’amuser ; elle me fait la lecture pendant des heures, quoique je sache que souvent elle doit être fatiguée de lire ainsi à haute voix et si longtemps. Mais les livres même que j’aimais tant autrefois, ne m’amusent plus. Les mots flottent indistinctement dans mon cer-