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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Il ensevelit sa tête dans les oreillers et s’efforça d’étouffer les sanglots qui voulaient éclater ; puis, après un moment de rude combat, il releva la tête pour baiser la malade au front.

« Non, ma chérie, cela ne sera pas, si l’amour peut quelque chose pour vous défendre et vous garder. Non, je ne puis croire que Dieu veuille vous séparer de moi. Le ciel est la demeure qui vous convient, mais de doux esprits comme le vôtre laisseraient un vide trop douloureux sur la terre. Je serai brave, ma chérie, brave et plein d’espoir dans la miséricorde céleste. Et maintenant, il faut que j’aille au télégraphe pour avertir mon ennuyeux imprimeur. Au revoir ! »

Il sortit précipitamment de la ferme et parcourut avec une rapidité étonnante l’agréable route bordée à sa gauche par des champs de blé d’un beau vert et à sa droite par la vaste étendue de la mer.

« Je trouverai une voiture pour me ramener de Saint-Léonard, se dit-il. Ce serait du temps perdu que d’en chercher une ici. »

Il arriva à la station de Saint-Léonard une heure après avoir quitté la ferme.

Il expédia son télégramme au nom de Sheldon en ayant le soin de rédiger d’une façon très-pressante.


CHAPITRE VI

MESURES DÉSESPÉRÉES

Inquiet et fébrile fut le sommeil qui visita Haukehurst pendant cette nuit embaumée de l’été.