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Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/71

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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

Quand il s’éveillait, il était inquiet et malheureux, mais les heures de sommeil étaient plus pénibles encore. Le sommeil ouvrait pour lui la porte à de folles visions, dans lesquelles Charlotte et le docteur Doddleson, l’éditeur du Cheapside, les administrateurs de la bibliothèque du British Museum, Diana et Sheldon figuraient au milieu d’une inextricable confusion de circonstances et de lieux.

À travers ses rêves pénibles, il avait quelque conscience de lui-même et de la chambre où il était couché, de la lune de juillet qui brillait sur lui à travers les vitres des croisées. Oh ! alors, comme elles étaient pleines de tortures ces visions où Charlotte lui apparaissait souriante, radieuse de santé et de bonheur, à une époque où il n’était pas question pour elle de la maladie et pour lui du chagrin qu’il en éprouvait.

Puis venait avec la rapidité du rêve le docteur Doddleson frappant à la porte de la ferme avec l’éditeur du Cheapside.

Puis il se trouvait comme spectateur dans un grand théâtre, ayant les proportions immenses d’un amphithéâtre romain, dans lequel l’auditoire lui semblait être une masse de mouches assistant à la rencontre de deux autres mouches, dans toute la gloire d’une cour représentée par une petite tache de pourpre et d’or brillant aux rayons du soleil. Dans son rêve il n’éprouvait aucune surprise à voir le théâtre où il se passait aussi vaste qu’une arène de gladiateurs.

Puis éclatait une musique composée d’une innombrable quantité de violoncelles et de bassons, et quelqu’un lui disait que c’était la première représentation d’une grande tragédie. Il sentait l’oppression de l’at-