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L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

chez donc pas dans sa chambre, maintenant qu’elle est si malade ?

— Non, je voulais passer la nuit sur un sofa, au pied même de son lit, et j’en avais fait la proposition, mais M. Sheldon s’oppose à ce que je couche dans sa chambre. Il pense que seule elle est plus tranquille, et que l’air de la chambre est plus sain lorsqu’il n’y a qu’une seule personne qui y dort. Sa maladie n’est pas de celles qui demandent une attention constante même pendant la nuit.

— Néanmoins, j’aurais trouvé meilleur pour elle de vous voir auprès d’elle, pour l’égayer et relever son moral.

— Croyez-moi, Valentin, c’était mon désir le plus vif de rester auprès d’elle.

— J’en suis convaincu, ma chère amie, lui répondit-il avec bonté.

— Ce n’est que l’autorité de M. Sheldon, comme homme ayant quelque expérience médicale, qui m’a fait renoncer à satisfaire mon désir.

— Bien, admettons qu’il a raison. Et maintenant, nous pouvons aller déjeuner. »

Le déjeuner fut un triste et pauvre repas : les richesses de la ferme, sous forme d’œufs frais et de jambon soigné à la maison abondaient, mais nul n’avait goût à leur faire honneur.

Valentin se rappelait ses visites à la ferme du comté d’York et toutes les joies qu’il y avait goûtées, et le chagrin qui le torturait maintenant en était plus cruel.

Sheldon consacrait ses méditations du dimanche au cours des valeurs de la Bourse du samedi.

Georgy se plongeait dans la lecture de la biographie d’un prédicateur dissident, lecture qu’elle déclarait très-réconfortante.

Diana et Valentin étaient restés muets, tout à leur