Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
70
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

inquiétude, et après quelques vaines tentatives pour boire et pour manger, ils se levèrent de table et allèrent se promener au jardin.

Les cloches sonnaient joyeusement dans les tours carrées de l’église qui était tout proche, mais Valentin n’était pas en disposition d’aller à l’église ce matin-là.

Toutes ses pensées n’étaient-elles pas des prières, d’humbles et douloureuses instances, en vue d’obtenir une faveur sans prix ?

« Voulez-vous voir le docteur à son arrivée, et arranger les choses avec lui, de manière à ne pas alarmer Charlotte ? » demanda-t-il à Sheldon.

Celui-ci y consentit et se rendit dans le petit jardin, devant la maison, pour y attendre, en se promenant, le grand docteur Doddleson : la douairière Doddleson, comme l’appelaient quelques incrédules à l’égard de son mérite.

Une voiture prise à Saint-Léonard amena le docteur Doddleson, pendant que les cloches sonnaient pour annoncer l’office du matin.

Sheldon le reçut à la grille et lui expliqua les motifs qui l’avaient fait appeler.

Le docteur se montra plein d’une pompeuse sollicitude pour sa chère jeune malade.

« Réellement, c’est un des cas les plus intéressants que j’aie rencontrés dans ma longue pratique, dit d’un air paternel le médecin du West End. Comme je le disais à l’une de mes très-charmantes clientes, l’aimable et accomplie comtesse de Kassel Kamberterre, pas plus tard que mardi matin. Un cas qui, par sa ressemblance avec les conditions dans lesquelles se trouve la comtesse elle-même, ne pouvait être que grandement intéressant pour elle.