Page:Braddon - L’Héritage de Charlotte, 1875, tome II.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
L’HÉRITAGE DE CHARLOTTE

sérieux pour la jouer avec négligence. Je vais partir pour Londres à l’instant et en ramener un autre médecin.

— Connaissez-vous quelque grand homme ?

— Non, mais j’en trouverai un.

— Si vous partez aujourd’hui, vous alarmerez infailliblement Charlotte.

— C’est vrai, et je lui causerai un désappointement par-dessus le marché. Mais, dans l’état des choses, je suppose que je puis agir demain aussi bien qu’aujourd’hui ?

— Positivement.

— Je partirai demain, par le premier train, et je reviendrai avec le docteur dans l’après-midi. Oui, je partirai demain. »

Sheldon respira plus librement.

Il y a des circonstances où gagner le temps de réfléchir est le point essentiel ; des circonstances où un sursis vaut une grâce.

« Je vous en prie, examinons la question tranquillement, dit-il avec un léger soupir de fatigue. Il n’y a pas de motif à toute cette agitation. Vous pouvez partir demain, par le premier train, dites-vous ? Si vous trouvez quelque satisfaction à amener un médecin, amenez-en un, amenez-en une demi-douzaine, si cela vous plaît. Mais, pour la dernière fois, je vous en avertis, tout ce qui tend à alarmer Charlotte, est ce qu’il y a de plus contraire à son rétablissement.

— Je le sais. Elle ne sera pas effrayée, mais nous aurons de meilleurs conseils que ceux du docteur Doddleson. Et maintenant je rentre. Elle s’étonnerait de mon absence. »

Il retourna dans la pièce gaie et bien aérée où Char-