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LA TRACE

trouvé, s’il eût été familier avec le docteur Johnson, ce qui, heureusement, n’était pas, pour le repos de son esprit. Oh ! quel bonheur d’être né dans cette humble classe de la société où un homme peut descendre dans la tombe tranquillement sans avoir eu connaissance de Rasselas, et mourir sans avoir lu Télémaque ou Charles XII. Heureux enfant trouvé, qui n’as pas été condamné à recevoir une éducation libérale ! Ni déclinaison, ni conjugaison, ni longue division, ni pont aux ânes n’ont jamais rompu ton repos.

C’est une journée tout à fait pénible pour M. Peters, et il n’est pas fâché, quand, vers quatre heures de l’après-midi, après avoir fait faire à l’enfant trouvé le tour de la Banque d’Angleterre (le jeune gentleman s’obstinant à vouloir franchir les grands guichets massifs, dans le désir insensé de demander de l’argent), après lui avoir montré le vaste dos de la vieille dame de Threadneedle Street et la maison de correction, ils débouchent de Lombard Street pour atteindre un omnibus qui doit les ramener au logis. Mais comme ils viennent de sortir de la rue, l’enfant trouvé s’arrête malheureusement, et force M. Peters à faire de même.

Devant les portes à panneaux de glaces d’une superbe construction, qu’une plaque de cuivre annonce être la banque anglo-hispano-américaine, stationnent deux chevaux et un groom en bottes à revers et culotte de peau de daim. Il attend évidem-