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DU SERPENT.

ment quelqu’un qui est dans l’intérieur de la banque, et l’enfant trouvé insiste vivement pour attendre aussi, afin de voir le gentleman monter à cheval. Le complaisant agent y consent, et ils flânent sur le trottoir pendant quelques instants avant que les portes vitrées ne soient violemment ouvertes par un commis cravaté de blanc, pour donner passage à un gentleman qui a complètement l’air d’un étranger.

Il n’y a rien de bien remarquable dans ce gentleman ; ses gants, d’une couleur pâle de lavande, sont assurément d’un goût parfait ; la coupe de ses habits est une recommandation pour son tailleur ; mais que peut-il y avoir dans son apparition pour forcer M. Peters à s’appuyer sur le candélabre du réverbère ? Voilà ce qui est difficile à dire. Quoi qu’il en soit, M. Peters se cramponne au candélabre le plus voisin, et devient aussi blanc que la plus blanche feuille de papier qui sortit jamais de la boutique d’un papetier. Ce gentleman, qui n’est autre que le comte de Marolles, a mieux à faire que d’occuper ses beaux yeux bleus à regarder un si mince gibier que M. Peters et l’enfant trouvé. Il monte sur son cheval et le fait marcher au pas.

Aussitôt fait, M. Peters, abandonnant le candélabre, saisit l’enfant trouvé ébahi et s’élance sur les pas du cavalier. En un instant il se trouve dans le passage encombré par la foule devant Guidhall ; un cab vide passe près de lui, il lui fait signe de