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LA TRACE

s’arrêter avec des gestes d’énergumène et saute dedans, sans se dessaisir de l’enfant trouvé. Le comte de Marolles est obligé de serrer un moment les rênes de son cheval pour lui faire éviter l’encombrement des cabs et des omnibus ; d’après l’instruction de M. Peters, l’enfant désigne le cavalier au cocher du cab, en lui enjoignant emphatiquement de suivre ce gentleman et de ne pas le perdre un instant de vue. Le conducteur fait signe qu’il a compris, fait claquer son fouet, et marche lentement derrière le cavalier qui a quelque difficulté à se frayer un chemin dans Cheapside. L’agent, dont le teint conserve encore une grande ressemblance avec le papier à écrire, regarde en dehors de la portière, comme s’il craignait que le cavalier qu’ils suivent ne vienne à s’évanouir comme un souffle dans l’air ou à disparaître par une trappe dans le cimetière de Saint-Paul. L’enfant trouvé suit des yeux ceux de son protecteur, puis les tourne vers M. Peters, et ne sait évidemment que penser de cet événement. À la fin, son patron retire sa tête de la portière et se parle ainsi à lui-même sur ses doigts.

« Comment peut-il se faire que ce soit lui, puisqu’il est mort ? »

Ceci est au-dessus de l’intelligence de l’enfant, qui évidemment ne comprend pas la portée de la question, et qui évidemment aussi n’a pas l’air de trouver tout cela de son goût, car il dit :