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DU SERPENT.

aux bottes à entonnoir fait son entrée. C’est un bel homme, à la figure pâle et au teint méridional ; ses manières sont aisées et indolentes ; sa voix est mélodieuse par elle-même ; ses notes amples vibrent et coulent avec douceur, sans le moindre signe d’effort. Quoique Richard prétende avoir l’œil sur le théâtre, quoique peut-être il essaye de diriger son attention de ce côté, sa figure pâle, son regard distrait et sa lèvre inférieure en mouvement, dénotent qu’il est extrêmement agité. Il attend le moment où l’agent de police lui dira : « Voilà le meurtrier de votre oncle ; voilà l’homme pour le crime duquel vous avez souffert et devez souffrir, jusqu’à ce qu’il soit traîné devant la justice. » Le premier acte de l’opéra paraît interminable à Dick le Diable, tandis que son philosophique ami, M. Cordonner, semble aussi froid qu’il aurait pu l’être à la vue d’un tremblement de terre, de la fin du monde, ou de quelque autre événement peu important de cette nature.

Le rideau est tombé sur le premier acte, quand M. Peters pose sa main sur le bras de Richard et lui montre une loge au premier rang.

Un gentleman, une dame et un petit garçon viennent justement de prendre leurs places. Le gentleman, comme il est de bon ton, tourne le dos à la scène et fait face à la salle ; il lève sa jumelle pour l’inspecter à loisir. Percy place sa lorgnette dans