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LA TRACE

la main de Richard en prononçant un affectionné « courage, mon vieux ! » et l’observe, tandis que celui-ci regarde pour la première fois son plus mortel ennemi.

Cette figure calme, aristocratique et sereine est-elle celle d’un assassin ? Les yeux bleus fuyants et les lèvres minces et relevées ne sont pas faciles à distinguer à cette distance, mais on voit parfaitement à travers la lorgnette l’ensemble général du visage, et il n’y a pas de danger que Richard manque de le reconnaître, en quelque lieu et à quelque heure qu’il puisse le rencontrer.

M. Cordonner, après avoir passé longtemps en revue les charmes personnels du comte de Marolles, remarque avec moins de respect que d’insouciance que « ce bandit n’a nullement mauvais air, qu’il aurait fait un magnifique coquin haut placé dans un drame de la Porte-Saint-Martin. Figurez-vous-le en bottes à la hessoise, empoisonnant tous ses parents, et riant au nez de la police quand elle vient l’arrêter. »

« Le reconnaîtriez-vous, Percy ? demanda Richard.

— Au milieu d’une armée de soldats, portant tous le même uniforme, répliqua son ami. Il y a quelque chose qui empêche toute méprise dans cette figure pâle et mince. Je vais aller chercher les autres camarades afin qu’ils puissent se le rappeler quand ils le rencontreront. »