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LA TRACE

service d’un médecin ; il dit que cela l’amusera de porter des remèdes pour les faire prendre aux autres et d’épier la mine qu’ils feront en les avalant.

— Et vous ne pouvez vous procurer un autre petit garçon pour venir ici ?

— Mais, vous voyez, monsieur, les petits garçons de cet endroit ne semblent pas envier la place. Aussi ai-je obtenu de l’administration des ordres pour insérer un avis dans un des journaux de Slopperton, et je vais aller m’en occuper cette après-midi. Ainsi, vous aurez du changement dans votre service, peut-être, monsieur, avant la fin de la semaine. »

Rien ne pouvait mieux prouver l’extrême tristesse et la désolation de l’existence de Richard ; le seul fait de l’arrivée probable d’un enfant étranger pour veiller sur lui, lui paraissait un événement important. Il ne pouvait s’empêcher, quoique se moquant lui-même de sa folie, de faire des suppositions sur l’aspect probable de cet enfant. Serait-il grand ou petit, robuste ou frêle ? quelle serait la couleur de ses yeux et de ses cheveux ? sa voix serait-elle sonore ou criarde, ou bien aurait-il cette voix particulière et incertaine, commune aux enfants trop précoces, sonore un instant et criarde une minute après, mais qui est toujours dans l’un des tons extrêmes, quand vous vous attendez à l’entendre dans l’autre ?