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DU SERPENT.

Mais ces préoccupations faisaient naturellement partie de sa folie, car il n’est pas à supposer, je présume, qu’un long régime de séquestration cellulaire puisse produire une altération quelconque dans l’esprit d’un homme sain ; car, s’il en était ainsi, la justice humaine et les législateurs n’infligeraient jamais un si terrible châtiment à une créature d’une nature semblable à la leur, et pas plus sujette qu’eux à l’erreur.

Ainsi donc Richard, couché sur son petit lit, pendant les longs jours pluvieux, attend le départ de son ancien compagnon et l’arrivée du nouveau. Le crépuscule du troisième jour arrive et il est encore dans la même position, regardant la croisée grillée et comptant les gouttes d’eau qui tombent des gouttières, car pour l’instant la violence de la pluie s’est calmée. Il comprend que c’est une soirée d’automne, mais il n’a pas vu la chute d’une seule feuille jaunie ou la couleur fanée d’une fleur d’automne ; il comprend que c’est la fin de septembre, parce que son gardien le lui a dit et que, lorsque sa fenêtre est ouverte, il peut entendre quelquefois, dans le lointain, amortis par l’atmosphère pluvieuse, aussi bien que par la distance, les coups de fusil répétés de quelques chasseurs. À ce bruit, il pense aux septembres d’autrefois quand, avec un écervelé comme lui, il faisait une escapade de quinze jours pour chasser dans le comté, battait les buissons ou