Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
LA TRACE

Marwood, de tout notre cœur ? répond la jeune fille en déguisant sa pensée sous le couvert d’une très-vague généralité.

— Ne dites pas M. Marwood, Belle, cela sonne mal dans la bouche de la sœur de mon vieil ami. Tout le monde m’appelle Richard, et moi, sans vous en avoir jamais demandé la permission, je vous ai appelée Belle. Appelez-moi Richard, Belle, si vous croyez en moi. »

Elle le regarde dans les yeux, et garde un instant le silence ; son cœur bat beaucoup plus vite, si vite que ses lèvres peuvent à peine articuler les mots qu’elle prononce.

« Je crois en vous, Richard ; je crois que votre cœur est la bonté et la loyauté même.

— Pensez-vous alors qu’il soit digne de vous, Belle ? Je ne vous adresserais pas cette question si je n’avais maintenant espoir, oui, et non pas un faible espoir encore, de voir mon nom lavé de la tache qui le couvre. Si mon cœur a quelque espérance, Isabelle, cette espérance est pour vous seule. Pouvez-vous avoir en moi la confiance de la femme qui aime… confiance pendant la vie et jusqu’à la mort, au milieu de toutes les tristesses et de toutes les tourmentes ? »

J’ignore si les cantharides et la teinture de myrrhe et l’huile pour les cheveux, sont des ingrédients convenables pour une potion contre la toux,