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LA TRACE

je ne vous connais pas. Je suis Français, né à Bordeaux, et n’ai jamais habité avant ce jour votre excentrique pays, et si, en vérité, il est d’usage ici qu’un gentleman soit en danger dans son propre bureau, je ne retournerai plus certainement visiter vos rivages, une fois rentré en France.

— Quand vous rentrerez en France, je crois que très-probablement vous ne visiterez plus jamais de nouveau l’Angleterre, comme vous dites, monsieur. Si, comme vous l’affirmez, vous êtes vraiment Français (quel excellent anglais vous parlez, monsieur, et que de peine vous devez avoir eue pour acquérir un accent si parfait), vous n’aurez pas naturellement de difficulté à prouver ce fait, ainsi qu’à établir que vous n’étiez pas en Angleterre, il y a huit ans, et conséquemment que vous ne fûtes pas pendant quelques années maître d’étude dans l’institution de ce gentleman, à Slopperton. Tout cela, un jury anglais éclairé aura beaucoup de plaisir à l’entendre. Nous ne sommes pas venus, dans tous les cas, pour vous juger, mais pour vous arrêter. Johnson, faites approcher un cab pour le comte de Marolles. Si nous avons tort, monsieur, vous aurez, un magnifique cas d’emprisonnement illégal et injuste, et je vous félicite sur les immenses dommages que vous obtiendrez probablement. Thomson, les menottes. Je dois vous importuner pour vos poignets, monsieur de Marolles. »