Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
DU SERPENT.

tion d’en faire ? Dans ce siècle utilitaire, toute chose est destinée à servir, tôt ou tard. Vous proposez-vous d’écrire ma biographie ? Elle ne sera pas intéressante, dans l’époque où nous vivons. Hélas ! nous ne sommes pas assez fortunés pour vivre sous la Régence, et il n’y a pas aujourd’hui beaucoup de biographies intéressantes. Suivez mon conseil, et si vous voulez l’écrire malgré tout, donnez-lui la forme d’un roman sentimental ; entrelardez-la de beaucoup de platonisme et d’athéisme, intitulez-la : Lui, et elle se vendra peut-être.

— Mon cher marquis, je n’ai réellement pas le temps d’écouter ce qui serait considéré, je n’en doute pas, dans le faubourg Saint-Germain, comme très-brillant et très-spirituel. J’ai à vous dire deux ou trois choses indispensables, et l’espèce de gens qui sont en ce moment à m’attendre hors de cette porte sont de nature à s’impatienter.

— Ah ! vous avez de l’expérience ; vous connaissez leurs mœurs et coutumes. Oui, ils sont impatients, murmura le marquis d’un air rêveur ; ils vous mettent dans des lieux en pierre comme si vous étiez du charbon, et derrière des barreaux comme si vous étiez des curiosités zoologiques, puis ils vous pendent. Ils vous font lever à une heure absurde du matin, et vous amènent sur une grande place, et là vous font tomber par un trou comme si vous étiez un penny jeté dans une tirelire ; et il y a