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DU SERPENT.

« Voici ce que j’ai à vous dire, mon bon ami, dit cet individu. Vous pouvez ramasser vous-même votre compagnon ivre, ou attendre l’arrivée du prochain policeman, qui rendra service au public en vous conduisant tous les deux au poste, où vous pourrez finir la nuit conformément à votre manière très-distinguée et très-intelligente… mais vous serez sans doute assez bon pour me laisser passer, car je suis pressé. Vous voyez là-bas ce vaisseau américain… il a descendu la rivière pour attendre le vent, la brise peut souffler d’un moment à l’autre, et il peut arriver qu’il parte avant que je l’atteigne ; ainsi, si vous voulez gagner un souverain, allez voir si vous pouvez me rendre le service d’éveiller un batelier qui me transporte au bâtiment.

— Ah ! vous partez pour l’Amérique ? dit le boxeur en réfléchissant. Les fumées de ce vin d’Hemmar me soufflent que je dois faire connaissance avec la coupe de votre figure. Je vous ai vu déjà, je vous ai vu quelque part, quoique le souvenir de l’endroit où je vous ai vu soit confus dans mon esprit. Allons, donnez-moi un coup de main pour l’ami à moi que voici, et je viendrai à votre aide pour le batelier.

— Au diable votre ami ! dit l’autre avec emportement. Voulez-vous me laisser passer, maudit ivrogne ! »

Cela suffisait amplement pour le boxeur, qui était