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DU SERPENT.

mais cinq livres sont cinq livres et ne se trouvent pas partout. »

Au lieu de chercher à la fois de l’amusement et de l’instruction, comme ils eussent pu en retirer d’une minutieuse visite à la fabrique en question, MM. Darley et Peters marchèrent d’un assez bon pas sans regarder à droite ou à gauche, choisissant les rues les plus reculées et les moins fréquentées, jusqu’à ce qu’ils eussent laissé la ville de Slopperton et les eaux du Sloshy derrière eux, et vinrent déboucher sur la grande route, seulement à quelques mètres de la maison dans laquelle M. Montague Harding avait trouvé la mort, — l’habitation du Moulin Noir.

L’endroit n’avait jamais eu un aspect bien gai, même dans ses beaux jours ; mais actuellement, avec les souvenirs qui s’y rattachaient et en faisaient essentiellement partie, c’était une lugubre habitation pour tous ceux qui connaissaient l’horrible histoire, et la mort, comme une ombre funèbre, semblait planer sur la sombre masse et avertir l’étranger de fuir cette demeure maudite. Les volets de toutes les croisées, à l’exception d’un seul, étaient fermés ; les allées du jardin étaient envahies par les mauvaises herbes, les plates-bandes bouleversées ; les arbres avaient poussé des branches égarées qui traînaient à terre en travers du chemin de celui qui s’y introduisait, et, s’embarrassant dans