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Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/332

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LA TRACE

On l’a vu aux portes de l’Opéra, quand Jenny Lind devait paraître dans la Figlia, et lorsque ceux qui l’entouraient étaient atteints d’une frénésie passagère et se bousculaient réciproquement dans la boue, on l’a remarqué appuyé sur deux gentlemen pleins d’embonpoint, comme dans un fauteuil, et se tenant en l’air et à l’abri de l’humidité sur les bottes de quelque autre individu, exhalant de nobles et polyglottes malédictions contre la foule environnante, lorsque celle-ci, dans un mouvement de marée montante, troublait ou essayait de troubler sa sérénité. Aussi quand il disait qu’il allait s’abattre chez les Cherokées, il voulait dire, bien entendu, qu’il avait l’intention de s’abattre à sa manière, et en conséquence il s’achemina nonchalamment à travers les rues désertes du Strand, ayant quelque chose de la démarche insouciante et sans but que devait avoir Rasselas se promenant sous les arceaux de verdure de sa vallée heureuse. Il atteignit à la fin la taverne bien connue et s’arrêta sous l’enseigne effacée de l’Indien, frappant désespérément dans le vide de son tomahawk, dans la direction de Covent Garden, avec un bras plus remarquable par son développement musculaire que par sa correction de dessin ; il donna le signal bien connu du club et fut introduit par la demoiselle déjà décrite, qui semblait toujours consacrer ses veillées à l’opération d’arranger ses cheveux en papillotes, afin de