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LA TRACE

monde convaincu de la chose. Je vous suis bien obligé, ajouta-t-il avec un accent railleur.

— Allons donc, mon vieux, dit en s’interposant Gus, qui avait fait tranquillement main basse sur un plat de détestables rognons pendant cette petite altercation amicale ; allons, pas de dispute, boxeur. Peters n’a pas l’intention de vous contester le prix du ceinturon, vous savez ?

— Vous n’avez pas besoin de m’humilier, parce que je ne suis pas champion, dit l’ornement du P. R., qui était porté à trouver un sens malicieux dans tous les mots prononcés en cette spéciale matinée ; vous n’avez pas besoin de m’accabler de vos railleries, parce que je n’ai pas gardé le ceinturon plus longtemps. »

Le boxeur avait été le champion de l’Angleterre dans sa jeunesse, mais il se reposait sur ses lauriers depuis plusieurs années, et ne sortait qu’occasionnellement de la vie privée, pour faire une passe ou deux dans un public-house, avec quelque vieil amateur.

« Vous dirai-je ce que je pense, boxeur : mon opinion est que l’air de Liverpool ne convient pas à votre tempérament, dit Gus. Nous avons promis de rester ici avec Peters et de nous conduire en tout d’après ses ordres, par amitié pour le camarade que nous voulons servir ; et quelque fatiguée que puisse être notre patience, de ne rien faire, ce qui est peut-être tout ce que nous pouvons faire de mieux, pour