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LA TRACE

paysannes aux joues roses, qui, comme passagers de seconde chambre, étaient bellement parqués ensemble, et se gardaient de souiller de leur présence, la vue ou les vêtements des êtres supérieurs, qui étaient destinés à occuper les salons et les fastueuses cabines de six pieds de long sur trois de large, à consommer des pois verts et du lait de vache fraîchement trait tout le long du voyage. Bientôt, le gentleman, âgé, d’apparence cléricale, mais médiocrement distinguée, qui s’était présenté si sommairement à Gus et au boxeur, fit quelques remarques sur la ville de Liverpool à l’ami de belle humeur du noble Américain décédé.

L’ami de belle humeur retira son cigare de sa bouche, sourit et parla ainsi :

« Vraiment, c’est une ville florissante, un petit Londres, réellement… la capitale en miniature…

— Vous connaissez très-bien Liverpool ? demanda le compagnon du boxeur.

— Non, non pas très-bien… dans le fait, je connais très-peu de villes d’Angleterre. Ma visite a été courte. »

Il y a évidemment de l’américain dans cette remarque, quoiqu’il y ait très-peu du frère Jonathan dans ses manières ; il ne semble éprouver aucune privation de n’avoir pas quelque chose à couper en parlant, et il est évident qu’il peut exister pendant dix minutes sans chiquer ou cracher.