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DU SERPENT.

Le lendemain matin, de très-bonne heure, des individus aux visages consternés étaient rassemblés aux coins des rues et causaient vivement entre eux. Le bruit d’un événement qui avait été seulement signalé d’une manière obscure à la prison s’étendit sur Slopperton comme un feu grégeois.

Le prisonnier s’était donné la mort.

Plus tard dans l’après-midi, on apprit qu’il s’était saigné à mort au moyen d’une lancette, pas plus grosse qu’une épingle, qu’il avait portée, cachée pendant des années, dans le chaton d’un anneau d’or aux formes massives et d’un travail exquis.

Le geôlier l’avait trouvé, à six heures du matin, le lendemain de son procès, assis, sa tête reposant sur la petite table de sa cellule, décoloré, immobile, et mort.

Les entrepreneurs d’exhibitions de figures de cire et plusieurs phrénologistes accoururent pour le voir et pour prendre l’empreinte de sa tête et le masque de son beau visage aristocratique. Un des phrénologistes, qui avait formulé son opinion sur le développement de son cerveau dix ans auparavant, alors que M. Jabez North était considéré comme un modèle de toutes les vertus et de toutes les grâces sloppertoniennes, et qu’on avait honteusement bafoué pour cette même opinion, devint en grande faveur et exposa toute l’histoire dans une série de lectures qui devinrent plus tard très-popu-