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LA TRACE

laires. Le comte de Marolles, avec ses longs cils, ses petits pieds, et ses bottes en cuir breveté, son costume de soirée irréprochable de Stultrian, un gilet blanc, et un certain nombre de bagues, fut extrêmement admiré dans la chambre des horreurs de l’exposition de figures de cire ci-dessus mentionnée, et fut considéré comme un spectacle valant bien un supplément de six pence. Les jeunes femmes tombèrent amoureuses de lui, et protestèrent qu’un être, on l’appelait un être, avec de tels yeux bleus en verre, avec de si beaux cils relevés, et des couches de si charmant vermillon à chaque coin de l’œil, ne pouvait jamais avoir commis cet horrible assassinat, mais était, sans aucun doute, la victime innocente de l’évidence cruelle des circonstances. M. Splitters mit le comte dans un mélodrame en quatre périodes, — non pas des actes, — mais des périodes : 1o L’Enfance, le dépôt de mendicité ; 2o La Jeunesse, l’école ; 3o La Virilité, le palais ; 4o La Mort, le cachot. Cette pièce eut un grand succès populaire, et comme M. Percy Cordonner l’avait prédit, le comte fut représenté comme vivant, en permanence, dans des bottes à la hessoise avec des glands d’or ; au mépris intelligent des unités de temps et de lieu, à deux ou trois cents milles de distance de l’endroit où il avait paru cinq minutes avant, et accomplissant, dans la scène IV, l’action même que ses ennemis avaient décrite comme