Page:Braddon - La Trace du serpent, 1864, tome II.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
395
DU SERPENT.

man, voilà l’innocence qui triomphe une fois dans la vie réelle, comme dans une pièce de théâtre. Slopperton fut universellement possédé du désir d’embrasser un citoyen aussi distingué. Les journaux de la localité furent tout remplis de ce sujet la semaine suivante, et Richard Marwood fut vivement sollicité d’apparaître encore une fois dans sa ville natale, afin que chaque habitant, sans exception, de la condition la plus élevée comme de la plus basse, fût à même de manifester sa cordiale sympathie pour les malheurs immérités de ce jeune homme, et pour le plaisir sincère causé par la réhabilitation de son nom et de sa réputation.

Le héros ne fut pas longtemps sans répondre à la demande amicale des habitants du lieu de sa naissance. Une lettre de Richard parut dans les journaux, dans laquelle il annonça, qu’étant sur le point de quitter l’Angleterre pour longtemps, peut-être même pour toujours, il aurait l’honneur de répondre en personne aux désirs de ses bons amis, et le plaisir de donner encore une poignée de main aux connaissances de sa jeunesse, avant de quitter son pays natal.

Le nouveau Jack de Slopperton, escorté par les demoiselles au teint hâlé, costumées de gazes rose sale et flétries, et couronnées de fleurs artificielles jaunes et bleues, venait à peine d’être proclamé dans le mois charmant qui ouvre le printemps