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LA TRACE

rapportant à un passage du récit de la vie d’une jeune lady du nom de Gray, appelée Alice de son nom de baptême, dont le cœur était à un autre et qui, par conséquent, en pure logique, ne pouvait pas lui appartenir à lui chanteur inconnu.

Peut-être aussi y avait-il quelque chose de contagieux dans cette mélodie, car l’enfant de Slopperton n’eut pas plutôt sifflé les premières mesures, qu’un individu dans le lointain, en dehors du mur des jardins de l’asile, reprit l’air et le finit. Cette circonstance, futile en elle-même, parut occasionner un plaisir considérable à l’enfant, et il s’approcha vivement de Richard qu’il interrompit au milieu d’une fort intéressante conversation, pour lui dire tout bas à l’oreille ou plutôt au coude :

« Tout va bien, général ! »

Comme Richard, l’empereur de la machine hydraulique et la fille unique du pape parlaient tous à la fois et de sujets complètement différents, leur conversation était peut-être un peu décousue pour pouvoir être rapportée par un sténographe ; mais, comme conversation, c’était réellement une chose charmante.

Richard, poursuivant toujours l’idée extravagante qui passait dans l’asile pour occuper son cerveau dérangé, depuis le jour de son procès, était occupé à faire à ses compagnons un récit de sa fuite de l’île d’Elbe.