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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/150

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LE SECRET

quelquefois contre les femmes. Cependant l’honneur parlait haut chez lui, tellement haut qu’il eût préféré se sacrifier à ce qu’il regardait comme un acte honnête, et épouser Alicia plutôt que de lui faire la moindre peine, dût cette peine assurer son bonheur à lui.

« Si la pauvre enfant m’aime, se disait-il, si quelque parole irréfléchie, prononcée par moi a pu lui faire croire que je l’aimais, il est de mon devoir de ne pas détruire cette croyance, et je suis prêt à tenir la promesse que je puis avoir faite à la légère. J’ai eu jadis la pensée, j’ai eu jadis l’intention de demander sa main après l’éclaircissement de cet horrible mystère de la disparition de George Talboys… et un arrangement de toutes choses amené sans bruit… mais maintenant… »

Ses pensées s’arrêtaient là d’ordinaire, et l’entraînaient où il ne voulait pas aller, sous les pins du Dorsetshire où il se retrouvait de nouveau face à face avec la sœur de son ami disparu, et c’était généralement un voyage très-pénible que celui à l’aide duquel il revenait à l’endroit où il s’était perdu dans ses réflexions. C’était chose si difficile pour lui de s’éloigner du turf rabougri et des pins.

« Pauvre petite fille ! continuait-il en revenant à Alicia, comme c’est bien à elle de m’aimer et combien je devrais me montrer reconnaissant de sa tendresse. Combien de jeunes gens accepteraient avec empressement le don de ce cœur généreux, aimant, qui serait la faveur la plus précieuse qu’ils pussent obtenir sur terre. Sir Harry Towers est au désespoir d’avoir été refusé. Il me donnerait la moitié de sa fortune, toute sa fortune et même deux fois la valeur s’il le pouvait, pour être à la place que je veux déserter avec tant d’ingratitude. Pourquoi ne puis-je l’aimer ? Pourquoi la sachant jolie, pure, bonne et pleine de franchise, son image ne m’apparaît-elle jamais