Aller au contenu

Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
183
DE LADY AUDLEY

Robert trempa la plume dans l’encre et contempla un instant les bougies avant de commencer.

Voici quelle fut sa dépêche :

« Robert Audley, d’Audley en Essex, à Francis Wilmington, de Paper Buildings, Temple.

« Cher Wilmington, si vous connaissez un médecin expérimenté qui s’occupe de la folie, et auquel on puisse confier un secret, soyez assez bon pour m’envoyer son adresse par le télégraphe. »

M. Audley mit la lettre dans une grande enveloppe et la tendit au domestique en lui donnant un souverain.

« Veillez à ce que cela soit remis à une personne digne de confiance, Richards, et dites-lui d’attendre la réponse. Elle doit arriver dans une heure et demie. »

Richards, qui avait connu Robert tout enfant, sortit pour exécuter cet ordre. Dieu nous garde de le suivre à l’office où les domestiques, groupés en cercle devant le feu, discutaient les événements du jour sans y rien comprendre.

Rien ne pouvait être plus éloigné de la vérité que les suppositions de ces dignes gens. Quels fils tenaient-ils du mystère qui s’était passé au coin du feu de cette chambre où une femme criminelle s’était agenouillée aux pieds de son seigneur et maître, pour lui raconter l’histoire de sa coupable vie ? Ils savaient seulement ce que le valet de chambre de sir Michaël leur avait dit de ce soudain voyage : que son maître était aussi pâle qu’une feuille de papier blanc, qu’il parlait avec une voix étrange qui ne ressemblait en rien à la sienne, et en quelque sorte — M. Parsons le valet — vous l’eussiez fait tomber avec une plume, si vous aviez eu l’idée de le renverser avec une arme aussi faible.

Les meilleures têtes de l’antichambre décidèrent