que sir Michaël avait reçu quelque nouvelle inattendue apportée par Robert (ils étaient assez sages pour mêler le jeune homme à la catastrophe), soit la mort de quelque cher et proche parent (les plus vieux serviteurs décimaient un à un les membres de la famille Audley, en s’efforçant de trouver quel parent ce pouvait être), soit quelque baisse dans les fonds, quelque mauvaise spéculation, ou la faillite d’une banque dans laquelle la plus grande partie de la fortune du baronnet était engagée. En général, on penchait pour la faillite d’une banque ; et chaque membre de l’assemblée, avec une espèce d’avidité et de sombre plaisir, se jetait sur cette idée, quoiqu’une telle supposition dût entraîner leur propre ruine avec la perte totale de cette généreuse maison.
Robert s’assit près du triste foyer qui semblait triste, même maintenant que la flamme d’un grand feu de bois soufflait dans la vaste cheminée ; il écoutait les sourds gémissements d’un vent de mars qui pleurait autour de la maison, et secouait le lierre tremblant attaché aux murs qui l’abritaient. Robert était fatigué, car il faut se rappeler qu’il avait été éveillé au milieu de la nuit par le craquement des boiseries dans l’auberge du Château. Sans sa présence d’esprit et son sang-froid, Luke Marks eût péri misérablement. Il portait encore les marques du danger qu’il avait couru : ses cheveux étaient roussis d’un côté, et sa main gauche était rouge et enflammée. Il s’était brûlé en cherchant à sauver l’aubergiste. Il était épuisé aussi par les émotions violentes de la journée, et il s’endormit dans un fauteuil devant le feu. L’entrée de Richards, qui rapportait la dépêche, le réveilla.
La réponse était courte :
« Cher Audley, toujours heureux de vous obliger. Alwyn Mosgrave, M. D., 12, Saville Row. Sûr. »