sans feu, et contempla les objets qui l’entouraient. Quoique la salle fût petite, les coins en étaient sombres ; une vieille pendule se dressait devant lui, et les bruits qui s’échappent d’une pendule après minuit sont trop connus pour que je les décrive. Le jeune homme écoutait en silence le tic-tac monotone qui semblait compter les dernières secondes de vie accordées au mourant et les voir fuir avec plaisir. Encore une minute ! encore une minute ! avait l’air de dire la vieille pendule ; et Robert eut envie de lui jeter son chapeau dans l’espoir d’arrêter son monotone et mélancolique mouvement.
Il fut enfin tiré de ses réflexions par la voix du chirurgien, qui parut au sommet de l’escalier pour lui dire que Luke Marks était éveillé et le verrait volontiers.
Robert monta aussitôt et, avant d’entrer dans cette chambre rustique, il ôta son chapeau. Il ôtait son chapeau en présence de ce paysan, parce qu’il savait que la mort, cette terrible visiteuse, n’allait pas tarder à pénétrer dans ce cottage.
Phœbé Marks était assise au pied du lit, les yeux fixés sur la figure de son mari. Aucune expression de tendresse ne se lisait dans ses regards ; ils peignaient une vive anxiété, et cette anxiété, c’était plutôt l’arrivée prochaine de la mort qui la causait que la crainte de perdre son mari. La vieille mère du malade faisait sécher du linge auprès du feu et préparait quelque soupe que son fils ne prendrait probablement jamais. Luke Marks avait la tête posée sur un oreiller ; sa figure était d’une pâleur mortelle et ses mains s’allongeaient sur la couverture. Phœbé lui avait fait la lecture, car une Bible était encore ouverte au milieu des fioles qui encombraient la table auprès du lit. Tout était propre et bien rangé dans la chambre ; le goût de l’ordre et de la régularité avait toujours été le trait distinctif du caractère de Phœbé.