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DE LADY AUDLEY

— Quel feu ! » pensa Robert.

Il comprenait toujours que sa cousine était fâchée quand, en s’adressant à lui, elle l’appelait Robert Audley.

« Vous n’avez pas besoin de tomber sur un ami parce qu’il vous fait une question polie, Alicia, dit-il d’un ton de reproche. Quant à dire que personne ne se met en peine de votre santé, c’est une absurdité. Je m’en mets en peine. »

Miss Audley leva les yeux avec un brillant sourire.

« Sir Harry Towers s’en met en peine aussi. »

Miss Audley revint à son livre le sourcil froncé.

« Que lisez-vous là, Alicia ? demanda Robert après un moment de silence pendant lequel il était resté pensif à remuer son thé.

Hasards et Changements.

— Une nouvelle ?

— Oui.

— Par qui ? »

— Par l’auteur des Folies et Fautes, répondit Alicia poursuivant toujours la lecture de son roman sur ses genoux.

— Est-ce intéressant ? »

Miss Audley fronça les lèvres et haussa les épaules.

« Non, pas précisément, dit-elle.

— Alors je crois que vous auriez mieux à faire que de lire cela pendant que votre cousin germain est assis en face de vous, observa M. Audley avec une certaine gravité, surtout lorsqu’il ne vient vous faire qu’une courte visite en passant et qu’il partira demain matin.

— Demain matin ! » s’écria milady, levant soudain les yeux sur lui.

Quoique le regard de joie qui se montra sur le visage de lady Audley fût aussi rapide que la lumière d’un éclair dans un ciel d’été, il n’échappa pas à Robert.

« Oui, dit-il, je suis obligé de remonter à Londres