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LE SECRET

demain matin pour affaire ; mais je serai de retour le jour suivant, si vous le permettez, lady Audley, et je resterai ici jusqu’à ce que mon oncle soit rétabli.

— Mais vous n’êtes pas sérieusement alarmé sur lui, n’est-ce pas ? demanda milady d’un air inquiet. Vous ne pensez pas qu’il soit très-malade ?

— Non, répondit Robert. Grâce au ciel, il n’y a pas le plus léger motif de crainte. »

Milady resta silencieuse pendant quelques instants, regardant les tasses vides avec un visage gracieusement pensif, — un visage sérieux avec l’innocente gravité d’un enfant rêveur.

« Mais vous êtes resté enfermé pendant si longtemps avec M. Dawson, il n’y a qu’un moment, dit-elle après ce court silence. J’étais presque alarmée de la longueur de votre conversation. Avez-vous parlé de sir Michaël tout le temps ?

— Non, pas tout le temps. »

Milady baissa de nouveau les yeux sur les tasses à thé.

« Eh ! que pouviez-vous avoir à dire à M. Dawson ou que pouvait-il avoir à vous dire ? demanda-t-elle après un autre instant de silence. Vous êtes presque étrangers l’un à l’autre ?

— Supposez que M. Dawson voulait me consulter sur quelque matière de droit.

— Était-ce cela ? s’écria vivement lady Audley.

— Il serait tant soit peu contraire à ma profession de vous le dire s’il en était ainsi, milady, » répondit Robert avec sévérité.

Milady mordit ses lèvres et retomba dans le silence. Alicia ferma son livre et observa l’air préoccupé de son cousin. Il lui adressa de temps en temps la parole pendant quelques minutes ; mais il faisait évidemment un effort pour se tirer de sa rêverie.

« Sur ma parole, Robert Audley, vous êtes une très-