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LE SECRET

et les jardins de tout ornement. Acacia Cottage ne justifiait que très-peu son nom. Ses murs blanchis à la chaux se dressaient sur la route, et quelques peupliers seulement les abritaient. Ce qui annonçait que cette maison était Acacia Cottage était une petite plaque en cuivre incrustée dans l’un des montants de la porte, et cette indication suffit aux bons yeux du cocher. Il arrêta sa voiture devant la petite porte, et M. Audley sonna.

Acacia Cottage, dans l’échelle sociale, avait moins d’importance que Crescent Villas, et la petite servante qui vint parlementer avec M. Audley à travers les barreaux en bois était évidemment habituée à ne se trouver séparée que par cette faible barrière des créanciers intraitables de sa maîtresse.

Elle commença par avouer qu’elle ignorait si mistress Vincent était chez elle, mais que si le visiteur voulait dire son nom et le genre d’affaire qui l’amenait, elle irait voir si sa maîtresse n’était pas sortie.

M. Audley présenta sa carte et écrivit au crayon au-dessous de son nom : « Un parent de miss Graham. »

Il recommanda à la servante de remettre cette carte à sa maîtresse et attendit tranquillement le résultat.

Au bout de cinq minutes, la servante revint avec la clef de la porte. Elle dit à Robert que mistress Vincent y était et le recevrait avec plaisir.

Le salon carré dans lequel Robert fut introduit offrait dans tous ses ornements et dans chaque meuble les marques incontestables de l’espèce de pauvreté qui est la plus incommode, parce qu’elle n’est pas stationnaire. L’ouvrière qui meuble son petit appartement avec une demi-douzaine de chaises cannelées, une table Pembroke, une horloge allemande, une glace, un berger et une bergère en terre cuite, et quelques tasses à thé en porcelaine, se sert de ce qu’elle possède et en retire généralement tous les avantages possibles ;