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LE SECRET

sur un fauteuil en face de lui. Vous me pardonnerez de vous avoir fait attendre si longtemps… mes devoirs…

— C’est moi qui dois m’excuser de venir vous déranger, répondit Robert poliment ; mais comme le motif qui m’amène chez vous est très-sérieux, il me servira d’excuse. Vous souvient-il de la dame dont j’ai écrit le nom sur une carte ?

— Très-bien.

— Puis-je vous demander ce que vous avez appris de son histoire depuis qu’elle a quitté votre maison ?

— Oh ! je ne sais pas grand’chose, et à vrai dire presque rien. Je crois que miss Graham entra comme institutrice chez un chirurgien du comté d’Essex. C’est même moi qui la recommandai à ce monsieur. Depuis lors je n’ai plus eu de ses nouvelles.

— Mais vous avez été cependant en rapport avec elle.

— Pas du tout. »

M. Audley garda le silence pendant quelques instants, et sa figure s’assombrit.

« N’auriez-vous pas, au commencement de septembre dernier, envoyé une dépêche télégraphique à miss Graham pour lui annoncer que vous étiez dangereusement malade et que vous désiriez la voir ? »

Mistress Vincent sourit à la question de son visiteur.

« Je n’ai pas eu occasion d’envoyer pareil message ; jamais de ma vie je n’ai été dangereusement malade. »

Hubert Audley s’arrêta avant de poursuivre ses questions, et écrivit à la hâte quelques mots au crayon sur son portefeuille.

« Si je vous adressais quelques questions directes sur miss Lucy Graham, me feriez-vous, madame, la faveur d’y répondre sans me demander pour quel motif ?

— Certainement. Je ne connais rien qui soit au dé-