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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/98

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LE SECRET

— Un peu quoi, chère enfant ?

— Un peu timbré ? balbutia lady Audley.

— Timbré !… s’écria sir Michaël. À quoi pensez-vous, ma chère fille ?

— Vous avez dit, il n’y a qu’un instant, que vous le croyiez à moitié fou.

— Ai-je dit cela ? reprit le baronnet en riant. Je ne m’en souviens pas, et ce n’était qu’une façon de parler qui n’avait aucune signification. Robert est peut-être bien un peu excentrique… un peu sot même… L’esprit n’est pas son défaut, mais je ne lui crois pas assez de cervelle pour devenir fou. Ce sont généralement les grandes intelligences qui se dérangent.

— Mais la folie est parfois héréditaire. M. Audley a peut-être hérité…

— La folie ne lui est pas venue de son père. Les Audley n’ont jamais peuplé les maisons d’aliénés ou fait vivre les médecins qui s’occupent de cette spécialité.

— Et la famille de sa mère ?

— Non plus, que je sache.

— C’est un secret qui, d’habitude, est gardé soigneusement. La folie existait peut-être dans la famille de votre belle-sœur ?

— Je ne le crois pas ; mais, au nom du ciel, Lucy, dites-moi ce qui vous a mis de pareilles idées en tête ?

— J’ai essayé de me rendre compte de la conduite de votre neveu, et je n’ai pas trouvé d’autre manière de l’expliquer. Si vous aviez entendu ce qu’il m’a dit ce soir, sir Michaël, vous l’auriez cru fou.

— Et que vous a-t-il dit, Lucy ?

— Je puis à peine vous le répéter. Jugez par là de mon étonnement et de mon épouvante. Je crois qu’il a vécu seul trop longtemps dans son triste logement du Temple. Peut-être a-t-il trop lu ou trop fumé. Vous savez que les médecins disent que la folie est