méfaits comme une nécessité de son injuste destinée. Il n’est pas facile pour une intelligence droite de sonder les profondeurs de l’abîme moral où tombe, avant la fin de sa carrière, l’homme habitué à ne vivre que d’expédients ; il n’est pas facile non plus de comprendre comment, à mesure que celui-ci s’enfonce dans la voie du mal, sa conscience s’endurcit, comment le sentiment de la honte s’affaiblit en lui pour faire place à l’égoïsme sauvage de la bête. Diana, durant sa misérable enfance, avait appris à connaître quelques-uns des vices de son père, et, à l’époque où sa pension n’était pas payée, elle avait eu occasion de reconnaître qu’il n’y avait pas plus à compter sur sa parole que sur le souffle capricieux de la brise d’été. Les révélations qui l’attendaient sous le toit paternel n’avaient donc pour elle rien d’étrange, rien d’imprévu : jour par jour, elle s’accoutuma à cette atmosphère de mensonge. Le sentiment de sa dignité ne l’abandonna cependant pas ; car il est un certain orgueil qui subsiste en dépit des coups de la misère et du voisinage de la dégradation. Diana avait cet orgueil-là. Elle souffrait quand elle songeait qu’elle était la fille d’un homme qui avait perdu tout droit à l’estime ; elle tenait à être bien jugée par les autres ; elle avait en elle l’ambition et le désir de faire quelque action qui la mettrait au-dessus du vulgaire. Cela l’avait soutenue dans bien des heures d’humiliation et de chagrin. Diana sentait la honte de son père aussi vivement que sa mère l’avait sentie ; mais elle ne connut pas les remords qui avaient fait mourir la douce Anna, ni la tendre compassion qui avait animé son cœur aimant et fidèle.
Diana se trouvait tellement à plaindre, qu’elle n’avait pas le temps de plaindre les autres. Les victimes de son père pouvaient être malheureuses, mais n’était-elle pas