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LES OISEAUX DE PROIE

elle-même infiniment plus misérable ? La propriétaire dont les appartements devenaient subitement vacants, sans que les loyers eussent été payés, était certainement digne d’intérêt ; mais n’était-ce pas plus pénible pour Diana, avec la sensibilité et le vif orgueil des Paget, d’avoir à supporter toutes les humiliations d’un déménagement furtif et d’un enlèvement nocturne de ses meubles.

Dans les premiers instants, Diana s’était sentie gênée par la présence du jeune homme qu’elle avait trouvé écrivant pendant cette sombre après-midi ; mais avec le temps, elle en vint à le considérer comme un compagnon et à considérer que sa triste vie eût été sans lui plus triste encore. Ce jeune homme était le secrétaire de la société des prêts philanthropiques, ainsi que des autres sociétés imaginées et organisées par Paget ; c’était l’instrument et le représentant du capitaine, mais non la dupe du capitaine ; car Valentin Haukehurst n’était pas de l’étoffe dont on fait les dupes.

L’homme qui vit sur les ressources de son esprit a besoin d’un fidèle ami pour le seconder ; le chef de la bande des loups a besoin de se faire passer pour redoutable, inabordable au moins ; une épreuve préparatoire est nécessaire ; il convient que la victime ait au moins une première salle à traverser avant qu’elle soit introduite dans le sanctuaire où rayonne le voile argenté du prophète. Paget avait trouvé un habile collaborateur dans Valentin. Valentin avait répondu à l’une de ces séduisantes annonces par lesquelles A. B. C. ou X. Y. Z. sont disposés à offrir un salaire de trois cents livres à une personne bien élevée, capable de remplir les fonctions de secrétaire dans une compagnie de fraîche date. C’est seulement après qu’il se fut présenté que le postulant