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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/157

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LES OISEAUX DE PROIE

« — Une personne qu’elle aimait et dans laquelle elle a eu confiance, peut-être ?

« — Qu’elle aimait et à laquelle elle ne s’est que trop fiée. Oh ! Valentin, n’est-ce pas terrible ? Se fier de tout cœur à la personne que l’on aime et découvrir ensuite qu’elle est indigne ! Si ma pauvre tante n’avait pas considéré M. Montagu Kingdon comme un homme loyal, elle aurait eu un peu plus confiance dans ses amis au lieu de se fier si entièrement à lui. Oh ! Valentin, que vous ai-je dit là ? Je ne voudrais pas jeter une ombre de reproche sur celle qui n’est plus.

« — Mon cher amour, croyez-vous que je ne puisse plaindre aussi cette pauvre femme trompée ? Croyez-vous que je veuille souiller sa tombe ? Je devine presque l’histoire que vous hésitez à me confier. C’est une de ces histoires douloureuses, mais hélas ! trop fréquentes. Votre tante aimait une personne nommée Montagu Kingdon… d’une condition supérieure à la sienne, peut-être ?

« Je regardais Charlotte en disant cela et sa figure me fit voir que j’avais deviné juste.

« — Ce M. Kingdon avait de l’admiration et de l’amour pour elle, dis-je ; il paraissait désirer vivement l’épouser, mais, sans aucun doute, il lui imposait le secret sur ses intentions. Elle a ajouté foi à sa parole comme à celle d’un galant homme et elle a eu plus tard d’amères raisons pour se repentir de sa confiance. N’est-ce pas là le résumé de son histoire, Charlotte ?

« — J’étais bien sûre qu’il devait en être ainsi. J’étais bien sûre que, lorsqu’elle a quitté Newhall, c’était pour se marier, s’écria vivement Charlotte. J’ai vu une lettre qui en est la preuve… pour moi, du moins. Et cependant, j’ai entendu maman elle-même qui parlait mal