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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/185

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LES OISEAUX DE PROIE

pour lui, qu’on s’occupe de lui ? Vous imaginez-vous, par hasard, que Valentin pense jamais à moi ! »

Charlotte fut obligée de garder le silence : elle se rappelait qu’en effet, le nom de Diana n’avait été prononcé que très-rarement dans les longues conversations de la ferme ; elle se souvenait qu’une fois, comme elle faisait, avec son Valentin, de beaux projets d’avenir, elle s’était arrêtée au beau milieu d’une description de la petite maison des faubourgs où ils iraient vivre, pour disposer d’un seul mot du sort de la pauvre Diana.

« Et la chère Diana pourra rester à la villa pour prendre soin de maman, » avait-elle dit.

Ce à quoi Haukehurst avait adhéré par un simple signe, puis la description de la maison idéale avait repris de plus belle.

Charlotte se rappelait cela maintenant avec un vrai chagrin ; elle avait été si parfaitement heureuse et si parfaitement égoïste dans son bonheur !

« Oh ! Diana, s’écria-t-elle, comme les gens heureux sont égoïstes ! »

Puis elle s’arrêta confuse, s’apercevant que sa remarque ne se rapportait en rien à la dernière observation de Diana.

« Valentin sera votre ami, chère, dit-elle après une pause.

— Ah ! voilà que vous commencez déjà à répondre pour lui ! s’exclama Mlle Paget avec un effroi contenu et plein d’amertume.

— Diana, pourquoi êtes-vous si injuste avec moi ? s’écria passionnément Charlotte. Ne voyez-vous pas qu’il me tarde de me confier à vous ? Qu’est-ce qui vous rend si amère ? Vous ne pouvez douter de la sincérité de mon affection, et si M. Haukehurst n’est pas pour vous ce