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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/186

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LES OISEAUX DE PROIE

qu’il a été autrefois, vous ne pouvez méconnaître à quel point vous vous montrez toujours froide et réservée envers lui. En vérité, lorsque vous lui parlez, on pourrait croire que vous avez positivement de la haine pour lui. J’ai besoin que vous l’aimiez un peu par affection pour moi. »

Mlle Halliday quitta son siège en disant ces mots, et s’approchant de la table auprès de laquelle son amie travaillait, elle se glissa tout à côté de Diana, et d’un air moitié effrayé, moitié caressant, elle s’assit sur le coussin qui était à ses pieds, puis elle prit la main froide de Mlle Paget.

« J’ai besoin que vous aimiez un peu M. Haukehurst, Diana, répéta-t-elle, pour l’amour de moi.

— Très-bien, je m’efforcerai de l’aimer un peu, pour l’amour de vous, répondit Mlle Paget d’un ton très-sec.

— Oh ! Diana, dites-moi comment il a pu vous blesser ?

— Qui vous a dit que jamais il m’eût blessée ?

— Votre propre manière d’être, ma chérie. Vous ne pourriez pas être si peu aimable avec lui, que vous connaissez depuis si longtemps, avec lequel vous avez partagé tant de peines… s’il ne vous avait profondément offensée.

— Cela est votre idée, Charlotte ; mais, voyez-vous, je ne vous ressemble nullement. Je suis fantasque et capricieuse. J’aimais M. Haukehurst, et je ne l’aime plus. Quant à m’avoir blessée, toute sa vie m’a blessée, depuis le commencement jusqu’à la fin. Je ne suis pas bonne, je ne suis pas aimante comme vous ; mais je n’aime pas les déceptions et je hais les mensonges ! Oh ! les mensonges… surtout !… et pourtant, que d’hommes mentent !