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LES OISEAUX DE PROIE

Charlotte est parfaitement heureuse dans l’état où elle est. Il peut être plus sage de nous taire.

— J’en suis tout à fait convaincu, répliqua Sheldon. Du reste, qu’elle soit éclairée ou non, cela n’a aucun intérêt matériel en ce qui me concerne.

— Je suivrai votre conseil, M. Sheldon.

— Qu’il en soit donc ainsi. En ce cas, les choses resteront dans le statu quo. Vous serez reçu dans cette maison comme futur époux de ma belle-fille, et il est bien entendu que votre mariage n’aura pas lieu sans que j’aie été dûment consulté. Je dois avoir voix au chapitre.

— Très-évidemment. Ce n’est que votre droit de demander que l’on prenne votre avis. »

Cela mit fin à l’entrevue d’une façon très-agréable. Les gentlemen rentrèrent à la maison, et quelques moments après, Valentin se trouva assis à une table de whist avec les deux frères et Georgy, qui joua assez bien, mais avec hésitation, ayant une peur évidente de son mari et de son beau-frère. Charlotte et Diana pianotèrent des duos pendant que le whist suivait son cours avec un silence orthodoxe et solennel. Les yeux de Valentin erraient très-souvent du côté du piano, aussi ne fut-il pas fâché lorsqu’un robre victorieux vint lui rendre sa liberté. Il parvint à amener un court tête-à-tête avec Charlotte pendant qu’il l’aidait à remettre en place la musique. Bientôt la sonnerie aigre de la pendule et un bruyant bâillement de Sheldon lui firent comprendre qu’ils devaient se retirer.

« La Providence est très-bonne pour moi, dit-il à demi-voix à Mlle Haliday lorsqu’il lui souhaita le bonsoir. La conduite de votre beau-père est tout ce qu’il y a de meilleur et de plus prévoyant, il n’y a aucun nuage