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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/274

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LES OISEAUX DE PROIE

sur notre avenir. Bonne nuit et que Dieu vous bénisse, ma chérie ! Je crois que je considérerai toujours ce jour de Noël comme le premier qui ait existé pour moi. Jamais, jusqu’à présent, Je n’avais senti à quel point ce saint anniversaire peut avoir d’austère douceur, de charme. »

Haukehurst revint à pied en compagnie de George, dont l’air sérieux et la mauvaise humeur n’étaient rien moins qu’agréables.

« Vous avez choisi votre chemin vous-même, lui dit celui-ci comme ils se séparaient. Tout ce que je désire, c’est que vous n’ayez pas à vous en repentir : seulement, comme je crois vous l’avoir déjà dit, vous ne connaissez pas mon frère aussi bien que moi.

— Votre frère a agi envers moi avec une franchise et m’a montré des sentiments si désintéressés, que j’aimerais vraiment mieux ne pas entendre vos déplaisantes insinuations. Je hais ces manières de parler : « Je pourrais… ; si je voulais… » Tant que je serai reçu comme je le suis dans la maison de votre frère, je ne puis consentir à entendre dire du mal de lui.

— C’est un animal de très-grande taille que celui sur lequel vous êtes monté depuis quelque temps, dit George, et quand un homme monte sur son grand cheval avec moi, je lui laisse toujours l’avantage de sa monture. Vous vous êtes arrangé sans aucune considération pour moi ; à l’avenir, je ne m’occuperai pas davantage de vous et de vos intérêts. Seulement s’il arrive quelque désagrément à vous ou aux vôtres par le fait de mon frère, rappelez-vous que je vous ai prévenu. Bonsoir. »

Dans la chambre de Charlotte, le feu brûla tard cette nuit. La jeune fille resta longtemps assise en toilette de nuit, brossant d’un air rêveur ses longs cheveux bruns