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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome II.djvu/275

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LES OISEAUX DE PROIE

en méditant sur les grâces et les mérites surnaturels de son Valentin.

Il y avait plus d’une heure que la famille était retirée lorsque Charlotte entendit frapper doucement à sa porte.

« Ce n’est que moi, chère, » dit une voix basse.

Et avant que Charlotte eût eu le temps de répondre, la porte s’ouvrit et Diana s’approcha immédiatement du feu, auprès duquel son amie était assise.

« Je suis si peu disposée à dormir ce soir, Charlotte, dit-elle, qu’en voyant de la lumière sous votre porte, cela m’a donné envie de venir causer quelques minutes avec vous.

— Ma très-chère Diana, vous savez combien j’ai toujours du plaisir à vous voir.

— Oui, chère, je suis sûre que vous n’êtes que trop bonne pour moi… Et j’ai été si maussade, si peu gracieuse, Charlotte, que je sens que ma froideur a dû vous blesser pendant ces derniers mois.

— J’ai été un peu contrariée de temps en temps, chère, en voyant que vous paraissiez ne pas sympathiser avec moi dans mes joies et dans mes chagrins ; mais il y avait dans ce regret de l’égoïsme de ma part. Je sais très-bien que si parfois votre apparence est un peu froide, votre cœur est bon.

— Non, Charlotte, mon cœur n’est pas bon ; il est mauvais.

— Diana !

— Oui, dit Mlle Paget, en s’agenouillant près de la chaise de son amie et parlant avec une énergie contenue, mon cœur a été mauvais, parce que votre bonheur l’a mis à la torture.

— Diana !

— Oh ! ma bien chérie, que vos yeux innocents ne se