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Page:Brandimbourg - Croquis du vice, 1897.djvu/38

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CROQUIS DU VICE

de ville dans la rue… Ils ne t’ont jamais rien dit, les sergents de ville ?

— Bah ! je m’en fiche ! y m’ont emmenée chez le commissaire rudement de fois.

— Ha !… Et que t’a-t-il dit, le commissaire ?

— Y voulait que j’y dise que c’était maman qui m’envoyait truquer. Pas si bête ! y l’aurait foutue en prison et pis moi aussi. Y m’connaît bien, l’commissaire de mon quartier. Quand y m’voit y m’dit : « Veux-tu rentrer chez toi, ou j’te fais enfermer ! »

— Qu’est-ce que tu lui réponds ?

— J’y réponds rien, y m’ficherait dedans… Dites donc ! si vous ne me donnez pas mes vingt francs j’vas m’en aller.

— Qu’elle est bête ? Laisse-moi boire un verre… Est-ce que cela t’amuse, de faire ça ?

— Oui, c’est rigolo. Y en a qui sont rien rigolos, allez !

— Qu’est-ce qu’ils font ?

La face congestionnée, les traits tirés, convulsés, l’œil brillant, il la fixait. Et comme il voulait s’approcher, la petite eut peur.